Haïti : « Danser pour résister », l’art s’oppose à la violence des gangs

Vingt danseurs de divers âges ont présenté une performance unique dans le jardin luxuriant de Pétion-Ville, un quartier plutôt préservé des attaques des groupes criminels. Le spectacle, baptisé « Dance is life », était orchestré par Pascale Durosier, une chorégraphe et pédagogue de danse, qui a réussi à métamorphoser ses propres douleurs en une vague collective d’espoir. Pascale Durosier, qui était la propriétaire d’un studio de danse situé au cœur de Port-au-Prince, a été contrainte de mettre la clé sous la porte de son établissement il y a trois ans, à cause des violences incessantes. Elle narre : « Pour moi, la danse est un langage. C’est la manière d’exprimer ce que je porte en moi, ce que je ne peux pas dire à voix haute. C’est ma façon de me libérer, d’oublier tout le reste et de trouver la force d’affronter la situation. » Au-delà d’une simple expression artistique, cette rencontre représente un acte de résistance culturelle. Depuis la cérémonie du Bois-Caïman au XVIIIe siècle, souvent vue comme le déclencheur de la révolte des esclaves menant à l’indépendance d’Haïti en 1804, les danses, les percussions et les rituels vaudous ont symbolisé un élan de force et de liberté. Pascale Durosier élucide : « La danse est dans notre sang. Nous ressentons les tambours, cette connexion intime avec la musique. Et qu’est-ce qui a nourri notre indépendance ? La cérémonie du Bois Caïman. Là, il y avait la danse Petro, les tambours, les esprits à nos côtés. C’est à travers la danse que tout a commencé. Pour moi, la danse est une révolution. Pour les Haïtiens, elle doit incarner la puissance et l’identité, la conscience de qui nous sommes. » Actuellement, avec près de 90% de Port-au-Prince dominée par des groupes criminels selon l’ONU et la violence qui s’infiltre dans les zones jadis tranquilles, la danse se transforme en un point d’ancrage essentiel pour ses adeptes. À Pétion-Ville, ces artistes préservent un patrimoine fortement ancré : Enracinée dans les traditions d’Afrique de l’Ouest et le syncrétisme vaudou, la danse rappelle inlassablement aux Haïtiens leur histoire de combat et de libération, un précieux point d’appui face à la peur et à l’insécurité. Dans un environnement où la peur façonne le quotidien, ces réalisations soulignent que l’art n’est jamais impartial. C’est un langage, une mémoire et une résistance. La danse haïtienne, empreinte de ses fondements culturels et spirituels, persiste à refléter une identité puissante et un espoir vivace, malgré le tumulte ambiant. Faites un DON pour Nous soutenir en cliquant sur le lien https://senxeweul.com/donation/

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