Cotton Queen : Un long métrage soudanais présenté au 82e Festival international du film de Venise

« Le premier long-métrage de Suzannah Mirghani, une chronique sur la transition vers l’âge adulte se déroulant dans un village soudanais, est un véritable cas d’exception : une narration qui prend place au Soudan sans se focaliser sur les points sombres du pays. »

Le film féministe « Cotton Queen », l’un des rares longs-métrages réalisés par des réalisatrices soudanaises, a fait ses débuts mondiaux cette semaine dans la section Semaine internationale de la critique du 82e Festival international du film de Venise. Il a reçu un accueil enthousiaste.

« C’est vraiment un rêve devenu réalité d’être ici », a déclaré Mirghani à l’Associated Press jeudi.

« Évidemment, c’est un peu difficile aussi parce que le Soudan est actuellement en guerre, donc il est difficile d’être heureux, mais je suis très heureuse de participer à ce film et je suis contente que le Soudan bénéficie d’une certaine visibilité qui ne se concentre pas uniquement sur ses aspects négatifs, que nous montrions une autre facette du pays, son aspect culturel », a-t-elle ajouté.

L’histoire du film prend place dans un village soudanais axé sur la culture du coton depuis de nombreuses générations, où une jeune fille appelée Nafisa (Mihad Murtada) grandit en écoutant sa grand-mère, la figure matriarcale de la communauté Al-Sit, évoquer les récits de lutte contre les colonisateurs britanniques.

« Le coton occupe une place centrale dans l’histoire du Soudan, mais il est également associé à une longue histoire de souffrances et de colonialisme. Cette industrie était en effet un projet colonial britannique », explique Mirghani.

« Il est donc étroitement associé à la domination, à l’exploitation, et c’est une chose si délicate, si belle. J’ai donc vraiment joué sur ces contradictions entre le fait qu’il s’agisse d’une ressource à exploiter, mais aussi d’un élément qui soude la communauté », a-t-elle déclaré.

Cependant, quand un entrepreneur étranger prometteur arrive avec des promesses de progrès et de coton génétiquement modifié, Nafisa se trouve au centre d’une bataille intense pour l’avenir du village.

Face à l’opposition du changement à la tradition, elle commence néanmoins à trouver sa propre voix et sa propre force. Nafisa, résolue à défendre ses terres et son patrimoine, assume une nouvelle fonction qui changera radicalement son existence et celle de sa collectivité. Mirghani, une réalisatrice d’origine soudano-russe résidant au Qatar, a tourné un court-métrage inspiré de cette histoire au Soudan et avait l’intention de retourner sur place pour réaliser un long-métrage en utilisant les mêmes comédiens. Toutefois, quand le conflit a débuté au Soudan, elle a dû réaliser le film en Égypte.

« Le plus difficile n’était pas seulement le tournage… construire le Soudan en Égypte, mais aussi travailler avec les gens, beaucoup de gens qui sont aujourd’hui des réfugiés, les Soudanais qui ont émigré là-bas, dont beaucoup sont aujourd’hui des réfugiés. C’était donc difficile, non seulement à cause des problèmes de production habituels auxquels on doit faire face, mais aussi à cause du traumatisme psychologique très profond causé par la guerre. »

Le Festival international du film de Venise a lieu jusqu’au 6 septembre.

0 Comments

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *