Pour la rentrée judiciaire, le barreau de Bruxelles offre à ses 5000 avocats un nouvel assistant. Jef, un modèle d’intelligence artificielle, est un chatbot spécifiquement élaboré pour le domaine professionnel.

Désormais, avec sa barbe soigneusement soignée et son nœud papillon, Jef se joindra à l’équipe des avocats bruxellois. C’est une aide artificielle qu’ils pourront nourrir avec leur propre documentation et archives.

« Ils vont pouvoir mettre des conclusions, des notes, des contrats et demander à l’IA de les analyser, de rédiger pour eux. Tout ça dans un environnement sécurisé et contrôlé qui respecte les règles du Barreau« , décrit tout sourire Frédéric Dechamps, avocat et concepteur de Jef.

Cette IA opère en circuit fermé, s’appuyant uniquement sur les dossiers de l’avocat et est paramétrée pour indiquer la provenance des informations qu’elle fournit. « Jef vous détaille l’origine de l’information », continue Me Dechamps. « Si vous utilisez d’autres IA, comme Chat GPT, elles vont répondre en se basant sur toute une série d’informations trouvées sur internet, et on ne sait pas lesquelles.« 

Voici le premier atout de Jef comparé à une IA traditionnelle : la fiabilité et la traçabilité des données.

« Un deuxième, c’est qu’on évite au maximum les hallucinations. Cet outil est capable de dire non, de dire ‘je ne comprends pas la question’ ou bien ‘je n’ai pas l’information dans ma base documentaire' ».

Jef dispose d’une autre spécificité cruciale pour les avocats. Il permet de respecter le secret professionnel, contrairement aux outils gratuits ou grand public. « Le client donne à l’avocat toute une série d’informations« , explique le concepteur. « L’avocat va rendre des consultations qui sont couvertes par le secret professionnel. C’est donc extrêmement important pour l’avocat d’être certain que toutes ces informations-là soient totalement maîtrisées dans son cabinet. »

Me Pierre-Yves Thoumsin, avocat au barreau de Bruxelles, se réjouit de pouvoir utiliser une plateforme sécurisée « Ici, on a un environnement fermé dans le cadre duquel les informations restent dans un vase clos. On sait qu’elles ne seront pas partagées avec des tiers pour aller alimenter un autre modèle et éventuellement se retrouver entre de mauvaises mains. » Mis gratuitement à disposition par l’Ordre francophone du barreau de Bruxelles, Jef permettra aux avocats de gagner du temps et de réaliser des recherches plus performantes. « Mais il ne remplace certainement pas ma pratique et mon travail« , ajoute Me Thoumsin.

L’utilisation de l’intelligence artificielle est devenue presque indispensable pour les avocats. « On va investir du temps et de l’énergie pour former les avocats, les informer et les sensibiliser", indique Marie Dupont, la bâtonnière bruxelloise.$

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